Plans de retrait : comment partir en préretraite en toute sérénité

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Constituer un patrimoine est relativement simple, par exemple en investissant régulièrement dans un ETF d’actions. Ce qui est plus complexe, c’est de faire fructifier votre épargne de manière à ce qu’elle vous permette de maintenir votre niveau de vie pendant de nombreuses années et de vivre jusqu’à la fin de vos jours. Pour pouvoir prendre votre retraite anticipée en toute sérénité, vous avez besoin d’un plan de retrait intelligent qui sera la clé de votre liberté financière, le happy end de votre planification financière en quelque sorte ! Dans cet article, nous vous présentons trois plans de retrait, vous indiquons lequel est notre préféré et vous expliquons pourquoi nous pensons que la fameuse « règle des 4 % » n’est pas adaptée.    

En bref

  • Grâce à un plan de retrait intelligent, votre patrimoine sera suffisant pour consommer le plus possible du début de votre préretraite jusqu’à votre décès.
  • Pour retirer des actifs de votre portefeuille, vous pouvez vendre une partie de vos actifs, « consommer » les dividendes et intérêts distribués ou combiner les deux.
  • Pour un plan de retrait, vous avez besoin de connaître le montant de votre patrimoine initial disponible, son rendement moyen, vos dépenses de consommation annuelles et votre espérance de vie.
  • Nous avons examiné trois plans de retrait qui diffèrent les uns des autres en termes de taux de retrait et/ou de risque de marché.
  • Nous préférons un plan de retrait flexible. Il est basé sur la règle des annuités et exclut toute faillite prématurée.
  • En revanche, un tel plan de retrait s’accompagne de fluctuations de la consommation liées au marché, qui peuvent être très violentes en fonction de l’évolution des marchés boursiers.
  • Ces fluctuations de la consommation sont en grande partie causées par l’ordre des rendements. Les mauvaises années boursières au début de la phase de retrait sont particulièrement problématiques.
  • Vous pouvez atténuer efficacement les fluctuations de la consommation grâce à une réserve de liquidités que vous puisez après les mauvaises années boursières et à un plafond de retrait qui intervient après les bonnes années boursières.

Quelques questions à se poser avant de prendre une retraite anticipée

Qu’est-ce qu’un plan de retrait ?

Le plan de retrait, également appelé stratégie de retrait ou plan d’épargne, consiste à convertir l’épargne accumulée en consommation selon une procédure prédéfinie. Le plan de retrait est donc utilisé pendant la phase de retrait, qui est la contrepartie de la phase de constitution du patrimoine.

Se constituer un patrimoine est relativement simple à mettre en œuvre. Nos règles de base peuvent se résumer en quelques mots : Investir à long terme, régulièrement, de manière globalement diversifiée et à moindre coût dans un ou plusieurs ETF d’actions.

En revanche, il est nettement plus complexe de réduire le patrimoine ainsi fortement accru (espérons-le) sur plusieurs décennies. En effet, dans l’idéal, un plan de retrait intelligent devrait vous permettre de répondre aux trois besoins suivants :

  • Consommation la plus élevée possible (« Je ne veux pas mourir millionnaire »)
  • Consommation suffisamment longue (« Je ne veux pas être fauché avant de mourir »)
  • Consommation régulière (« Je veux profiter d’un niveau de vie constant »)

Comme nous le verrons plus loin, il n’existe malheureusement pas de plan de prélèvement qui puisse répondre à tous ces besoins sans aucune concession.

Sur la base de ces trois besoins, vous devez vous poser les quatre questions suivantes, auxquelles nous avons classé les réponses par ordre croissant de complexité :

  • Combien d’argent souhaitez-vous transmettre ?
    Si vous souhaitez léguer une partie de votre patrimoine à votre progéniture ou à une association caritative, par exemple, définissez le montant correspondant. Ce montant ne sera donc pas affecté à la consommation, mais réservé aux heureux héritiers que vous aurez choisis.
  • De combien d’argent ai-je besoin pour vivre ?
    La réponse à cette question n’est plus aussi simple que la première. Mais avec un peu de recherche personnelle, vous pourrez y répondre assez précisément. En effet, vous pouvez vous appuyer sur une grande expérience et une base de données fiable, constituée de vos dépenses passées. Idéalement, vous devriez déterminer non seulement vos dépenses de consommation moyennes (scénario standard), mais aussi vos besoins de base (scénario du pire) et un niveau de vie que vous jugez élevé (scénario du meilleur).
  • Quel est le rendement de mon patrimoine ?
    Si vous placez une partie de vos actifs dans des obligations d’État à faible risque ou en espèces sur un compte d’épargne au début de la phase de retrait, vous ne devriez obtenir qu’un faible taux d’intérêt égal à l’inflation, voire aucun. Néanmoins, garder une somme d’argent en cas d’imprévu nous semble être une bonne idée. En ce qui concerne l’investissement en actions à risque, des plus-values annuelles, dividendes compris, de 8 % en moyenne sont tout à fait réalistes. Une incertitude résiduelle subsiste : Car, comme chacun sait, les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs.
  • Pendant combien d’années vais-je retirer de l’argent de mon patrimoine ?
    C’est là que les choses deviennent définitivement complexes. En effet, vous devez connaître votre espérance de vie exacte ou le moment de votre décès. Comme premier point de repère, vous pouvez par exemple vous baser sur l’espérance de vie moyenne. Selon l ‘Office fédéral de la statistique, l’espérance de vie en Suisse est l’une des plus élevées au monde. En 2021, elle était de 81,6 ans à la naissance pour les hommes et de 85,6 ans pour les femmes. A l’âge de 65 ans, l’espérance de vie est encore de 19,9 ans pour les hommes et de 22,7 ans pour les femmes, ce qui signifie que le décès moyen survient à l’âge de 84,9 ans (hommes) et 87,7 ans (femmes). Si vous le souhaitez, vous pouvez affiner ces valeurs avec des facteurs individuels tels que l’état de santé, le style de vie ou les gènes. Mais même si vous êtes trop pessimiste quant à la fin de votre vie ou si vous vivez plus longtemps que votre argent ne le permet, il n’y a pas de raison de paniquer – du moins pas en Suisse. Nous avons des maisons de retraite et de soins bien gérées par l’État, auxquelles même les personnes âgées sans ressources ont droit.

Qui a besoin (ou non) d’un plan de retrait ?

Même si nous utilisons le terme « préretraite » dans cet article, nous voulons en fait nous adresser à tous ceux qui souhaitent prendre leur retraite avec un patrimoine. Il est donc fondamentalement indifférent que la retraite soit prévue de manière conventionnelle au milieu de la soixantaine, à 70 ans seulement ou – ce qui est actuellement très tendance – plus tôt, par exemple à 50 ans ou même dès 40 ans (voir également notre article « Liberté financière – Hype ou objectif souhaitable ?

Il est toutefois évident qu’un plan de retrait fiable est encore plus important pour la préretraite, étant donné qu’aucune prestation de retraite garantie par l’État n’est versée jusqu’au départ à la retraite ordinaire ou que la consommation est exclusivement couverte par la distorsion du patrimoine.

De plus, notre public cible souhaite consommer son capital disponible à long terme ou jusqu’à sa mort, afin de garantir et d’optimiser son niveau de vie habituel.

En revanche, le thème de la « retraite anticipée avec plan de prélèvement » devrait être moins intéressant pour les personnes qui n’auront pas ou peu épargné d’argent avant de prendre leur retraite. En effet, ces personnes n’ont tout simplement pas besoin d’un plan de retrait. En Suisse, leur retraite est réglementée par l’État, sur la base de l’AVS (1er pilier), de la caisse de pension (2e pilier) et, si nécessaire, de prestations complémentaires.

Ces personnes bénéficient d’une grande sécurité en ce qui concerne le paiement fiable de leur pension publique, et ce jusqu’à leur décès. En revanche, elles doivent accepter des réductions plus ou moins importantes de leur niveau de vie. En effet, nos prestations de retraite publiques sont principalement axées sur les besoins vitaux tels que l’alimentation, le logement et la santé. Un autre inconvénient est que les personnes qui n’ont pas d’épargne personnelle ne peuvent pas déterminer librement l’âge de leur retraite ou ne peuvent pas prendre volontairement une retraite anticipée.

Quels sont les risques liés à la préretraite ?

Les risques sont toujours liés aux incertitudes. Celles-ci sont nombreuses dans le cas de la préretraite et des plans de retrait qui y sont liés. Mais plus vous étudierez votre plan de retrait individuel (y compris en répondant aux questions des chapitres précédents), mieux vous maîtriserez les risques suivants :

  • Risque de perte : risque que les actifs soient consommés avant la fin de la période de retrait prévue. Ce risque est influencé par le risque d’ordre de rendement et le risque de longévité.
  • Risque de niveau de vie : risque que votre niveau de vie doive être réduit involontairement en raison de fluctuations de la consommation.
  • Héritage non planifié : risque que les actifs réservés à la consommation ne soient pas entièrement consommés à la fin de la période de retrait prévue.

Pour nos compatriotes traditionnellement soucieux de sécurité, le risque de faillite pourrait être considéré comme le risque le plus grave. C’est pourquoi une grande partie des retraités calculent trop prudemment.

En Suisse, une pension publique garantie et, si tout va bien, des prestations complémentaires permettent de couvrir ce risque. Cette prévoyance vieillesse publique ne s’applique bien sûr qu’aux personnes ayant atteint l’âge ordinaire de la retraite au milieu de la soixantaine. Les personnes qui souhaitent prendre une retraite anticipée ne peuvent pas compter sur elle. Il ou elle est d’autant plus tributaire d’un plan de retrait bien pensé.

C’est pourquoi nous pensons, et les simulations de marché ultérieures le suggèrent, que le risque le plus probable est celui de l' »héritage non planifié ». Ce risque peut paraître anodin, mais il peut être très important. Concrètement, par peur du risque de faillite, Monsieur et Madame Suisse se restreignent trop dans leur consommation pendant la période de prélèvement, c’est-à-dire généralement sur plusieurs décennies. De ce fait, leur propre qualité de vie en pâtit – au profit des heureux héritiers !

Comment retirer de l’argent de mon patrimoine ?

Avant de passer en revue et d’évaluer les principaux plans de prélèvement, nous nous penchons sur cette dernière question, qui n’est pas décisive pour le match. Il s’agit de la technique de prélèvement. En principe, vous avez le choix entre les trois variantes suivantes :

  • Retrait de dividendes et d’intérêts
  • Vente d’actifs
  • Une combinaison des deux

L’utilisation des dividendes et des intérêts devrait être un peu plus avantageuse, car les courtiers ne facturent généralement pas de frais à cet effet. En revanche, les ventes partielles entraînent généralement non seulement des frais de courtage, mais aussi – s’il s’agit d’un courtier suisse comme Swissquote(Review) – un droit de timbre supplémentaire. DEGIRO(Review) et Interactive Brokers(Review) sont deux courtiers étrangers établis sur le marché suisse qui pratiquent des frais peu élevés et n’ont pas de droit de timbre.

De plus, les distributions sont plus confortables car elles sont automatiques, alors que les ventes partielles doivent généralement être « déclenchées » manuellement.

En ce qui concerne l’impôt sur le revenu, le fait que vous ayez accès aux flux de trésorerie ou que vous vendiez des actifs ne joue aucun rôle. En effet, les dividendes sont imposables en tant que revenu, qu’il s’agisse de titres de distribution ou de capitalisation. Pour plus d’informations sur la fiscalité, consultez l’article « Fiscalité des ETF en Suisse : 4 conseils pour optimiser votre portefeuille ».

En réalité, la plupart des investisseurs choisiront une technique de retrait combinant dividendes et intérêts, d’une part, et vente d’actifs, d’autre part, ce qui est plus important. En effet, pour vivre uniquement de dividendes et d’intérêts, il faut disposer d’un patrimoine très important. De plus, il est contraire à l’objectif même d’une stratégie de prélèvement de ne toucher qu’aux fruits sans toucher au patrimoine proprement dit.

– P a r t i c i p a t i o n d e s p a r t e n a i r e s

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Quels sont les plans de retrait ?

Il existe probablement d’innombrables plans de retrait. Nous nous concentrerons sur les trois plans de retrait suivants, qui reposent chacun sur des stratégies de base différentes:

  • Plan de retrait de la retraite anticipée Variante 1 : Montants de retrait fixes sans risque de marché
  • Plan de retrait de la retraite anticipée Variante 2 : Montants de retrait fixes avec risque de marché
  • Plan de retrait de la retraite anticipée Variante 3 : Montants de retrait flexibles avec risque de marché

Ces trois variantes sont à la fois combinables et modifiables individuellement. Elles se distinguent donc par deux facteurs : les montants de retrait (statiques ou flexibles) et le risque de marché (sans ou avec). Ci-dessous, nous examinons et évaluons ces trois plans de retrait ainsi que quelques sous-variantes.

Plan de retrait de la retraite anticipée Variante 1 : Montants de retrait fixes sans risque de marché

Dans cette première variante, les actifs ne sont pas investis en bourse pendant la phase de retrait ou ne sont pas soumis aux fluctuations du marché.

Supposons donc que votre fortune disponible soit en sécurité sur votre compte bancaire, avec un taux d’intérêt qui correspond exactement à l’inflation. Vous ne pouvez pas espérer un rendement plus élevé.

Les avantages de cette option sont évidents : prévisibilité, consommation constante et pas de faillite (prématurée). Important : ce dernier point se réfère à votre période de retrait définie. Si vous survivez à cette période, vous prenez également un risque de faillite.

Cette variante est donc particulièrement adaptée aux personnes très fortunées qui peuvent se permettre de renoncer à des augmentations réelles de leur patrimoine et au risque de marché qui y est associé. Par exemple, si vous avez épargné 3 millions de CHF au début de la phase de retrait et que vous les avez déposés sur votre compte bancaire, vous pouvez consommer 100 000 CHF par an en termes réels pendant 30 ans. C’est suffisant pour vivre une retraite sans souci sur le plan financier. D’autant plus que les pensions de l’Etat s’y ajoutent.

Cette variante convient également aux personnes peu enclines à prendre des risques et qui n’ont besoin que de peu d’argent pour vivre. Par exemple, si vous avez « seulement » 1 million de CHF sur votre compte d’épargne au début de la phase de retrait, vous pouvez consommer 33 333 CHF par an en termes réels pendant 30 ans. Cela ne vous permettra certes pas de faire de grands bonds en avant dans l’îlot de cherté qu’est la Suisse. Mais si vous prenez en compte les pensions de l’Etat, vous devriez tout de même arriver à joindre les deux bouts.

Avantages/inconvénients du plan de retrait de la retraite anticipée Variante 1 : Montants de retrait fixes sans risque de marché

Pas de faillite prématurée
Consommation constante
Pas d’héritage non planifié : le patrimoine est entièrement consommé
Consommation limitée en raison du renoncement à un rendement plus élevé (pas de prime de risque)
Un niveau de vie élevé n’est possible qu’avec un patrimoine important

Espacement des lignes

Plan de retrait de la retraite anticipée Variante 2 : Montants de retrait fixes avec risque de marché

Dans cette deuxième variante également, vous retirez une somme de retrait fixe plus la compensation du renchérissement. Cela signifie que votre taux de retrait reste constant en termes réels. Contrairement à la variante 1, votre fortune disponible est soumise à des fluctuations liées au marché.

Comme la variante 1, cette variante vous garantit un niveau de vie constant grâce au taux de retrait fixe. Contrairement à la variante 1, vous bénéficiez de la prime de risque sous forme de plus-values sur vos placements en actions.

Cependant, vous prenez deux risques: Héritage non planifié et risque de faillite. Comme ces deux risques s’excluent mutuellement, seul l’un des deux peut se produire. Comme nous le verrons plus loin, la probabilité d’occurrence du risque d’héritage non planifié est nettement plus élevée que celle de la faillite anticipée, même avec des taux de prélèvement généreux de 5%. En général, plus le taux de retrait est faible, plus le risque d’héritage non planifié est important et plus le taux de retrait est élevé, plus la faillite anticipée est probable.

La « règle des 4 pour cent

Pendant longtemps, la  » règle des 4 % », développée par Bill Bergen dès 1994, a donné un cadre concret à cette variante de retrait statique. Cette règle stipule qu’à partir du début de la phase d’épargne, vous retirez chaque année 4% de votre patrimoine de départ – et grâce à la prime de risque, vous ne devriez pas faire faillite jusqu’à votre décès. Cela signifie que le montant retiré du patrimoine reste constant. Toutefois, pour maintenir le pouvoir d’achat, il est préférable de calculer avec des montants de retrait réels , c’est-à-dire de tenir compte de l’inflation chaque année.

L’étude de Mannheim

Au cours de nos recherches, nous sommes tombés sur l’étude « Entsparen im Alter – Portfolioentnahmeestrategien in der Rentenphase », publiée pour la première fois en 2017 par deux professeurs de l’université de Mannheim, Philipp Schreiber et Martin Weber, et dont la dernière mise à jour date de 2020. (Le simulateur de désépargne a été mis à jour après la publication de cet article). Weber est surtout connu du grand public en tant qu’inventeur du fonds d’investissement ARERO. La particularité de ce fonds mondial mixte est qu’il reproduit les classes d’actifs actions, obligations et matières premières via des indices dans un seul produit et selon un concept scientifique.

Nous allons maintenant nous intéresser de plus près à l’étude de Mannheim. Sur demande, Jan Mertes, doctorant à l’université de Mannheim, nous a fourni des explications plus détaillées sur l’étude en ce qui concerne la composition du portefeuille et la simulation des rendements :

  • Le portefeuille
    Le portefeuille mondial utilisé pour la simulation est construit comme suit : Un portefeuille d’actions et d’obligations largement diversifié avec 60% d’actions et 40% d’obligations. Concrètement, le portefeuille est basé sur l’indice MSCI All Country World (actions) et sur l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond (obligations). Les dividendes et les revenus d’intérêts ont été pris en compte. Selon Mertes, l’idée centrale de ce portefeuille est de refléter au mieux le marché et d’atteindre ainsi une diversification maximale (donc un risque non systématique minimal). Pour ce faire, on accepte délibérément un rendement inférieur à celui d’un portefeuille d’actions pur, afin d’être moins exposé aux fluctuations.
  • La simulation des rendements
    Les rendements mensuels du portefeuille décrit ci-dessus ont été déterminés pour la période allant de janvier 1990 à novembre 2018. A partir de ces rendements, 360 rendements sont tirés au hasard (avec remise à zéro) pour simuler l’évolution du portefeuille sur 30 ans (en cas d’horizon de planification différent, l’horizon de planification en années multiplié par 12). Ce processus est ensuite répété 10 000 fois afin de reproduire différents scénarios de marché des capitaux.

Des résultats surprenants pour les rendements
En nous basant sur cette énorme base de données, nous avons examiné de plus près les rendements historiques et sommes parvenus aux résultats suivants, parfois surprenants :

Rendement moyen7,2%
Part des rendements négatifs27%
Part des rendements positifs73%
Part des rendements positifs 0 – 1035%
Part des rendements positifs >1039%

Nous avons notamment été positivement surpris par le fait que des rendements supérieurs à 10% ont été obtenus au cours d’environ quatre années boursières sur dix. Et qu’en est-il maintenant de la « règle des 4% » ? Selon l’étude de Mannheim, celle-ci semble plutôt bien fonctionner (cf. fig. 1)

Fig. 1 : Challenge de la « règle des 4 pour cent » à l’aide d’un simulateur de prélèvement de l’université de Mannheim.

Explication de la figure 1 : pour un retrait fixe de 4% du patrimoine initial de 1 million de CHF (soit 40’000 CHF par an), y compris une inflation de 1% par an, sur une durée de retrait de 30 ans, la probabilité que tu fasses faillite prématurément est de 4,68%. Votre patrimoine moyen final corrigé du pouvoir d’achat (réel) est plus de 2,5 fois supérieur à votre patrimoine initial, soit 2 527 974 CHF.

Sur la base des données historiques de l’étude de Mannheim, la « règle des 4 % » conduit donc souvent à un héritage non planifié et relativement rarement à une faillite prématurée.

En ce qui concerne le risque de faillite, nous devons encore prendre en compte un aspect important : Le risque de dérapage augmente en cas d’évolution défavorable des rendements. En d’autres termes, si de mauvaises années boursières se succèdent au début de la phase de retrait. Il s’agit du risque d’ordre de rendement.

Dans l’étude en question, la simulation 9 est un bon exemple d’augmentation du risque d’ordre de rendement. Ci-dessous, nous faisons calculer les taux de prélèvement pour les paramètres suivants :

Patrimoine initial1 million de francs suisses
Période de prélèvement30 ans
Prélèvement p.a.5%
Inflation attendue p.a.1%

L’ordre des 30 rendements de la simulation 9 est indiqué dans le tableau ci-dessous.

AnnéeRendements historiques de la simulation 9 de l’étude de Mannheim
1-12,30%
2-4,50%
35,04%
4-2,26%
513,42%
6-2,08%
731,19%
8-0,63%
9-8,87%
10-11,53%
1126,27%
127,83%
1327,02%
1429,77%
15-8,23%
164,13%
17-12,33%
183,90%
198,77%
20-7,12%
2125,07%
2212,40%
2313,56%
2412,87%
2517,60%
26-0,05%
274,67%
285,38%
29-6,79%
3011,99%
Tab. 1 : Simulation de rendement 9 selon l’étude de Mannheim avec ordre de rendement défavorable.

Comme il y a eu quelques plongeons boursiers au début de la période de retrait, la faillite s’est produite prématurément au cours de la 25e année de retrait (cf. graphique 2).

Retraite anticipée
Fig. 2 : Dans cet exemple, une séquence de rendement défavorable conduit à la faillite au cours de la 25e année de retrait.

Le graphique ci-dessous montre à quel point cet effet de séquence des rendements est incroyable. Nous avons simplement inversé le rendement de la 1ère année (-12,30%) avec celui de la 30ème année (+11,99%).

Retraite anticipée
Fig. 3 : Pas de faillite grâce à l’échange de rendement, mais il reste un héritage non planifié après la phase de retrait (en gris = simulation 9 de l’étude de Mannheim).

Au lieu de faire faillite prématurément, nous disposons toujours, après 30 ans, d’une belle fortune de 868’088 CHF en termes réels !

Comme nous ne pouvons pas influencer les événements boursiers à notre guise, nous devons trouver d’autres moyens de maîtriser le risque de rendement et d’ordre.

Mais quittons pour l’instant les exemples individuels et revenons aux moyennes basées sur l’ensemble des données historiques de l’étude de Mannheim.

Dans le tableau ci-dessous, nous avons compilé les résultats de neuf simulations avec trois taux et trois périodes de retrait différents, en partant d’un actif initial de 1 million de CHF et d’une inflation de 1% par an.

Durée de prélèvementØ Fortune finale réelle en cas de retrait de 30 KCHF par an (3%)PRØ Fortune finale réelle en cas de retrait de 40 KCHF par an (4%)PRØ Fortune finale réelle en cas de retrait de 50 KCHF par an (5%)PR
20 ansCHF 2’099’002 0,04%CHF 1 697 2480,32%CHF 1 298 9313,30%
25 ansCHF 2’646’4260,12%CHF 2 047 0911,98%CHF 1’467’31610,20%
30 ansCHF 3’391’0690,45%CHF 2’527’9744,68%CHF 1’718’88917,95%
Tab. 2 : Evolution d’un patrimoine initial de 1 million de CHF pour différentes périodes de prélèvement et différents taux de prélèvement selon le simulateur de prélèvement de l’université de Mannheim (PR = risque de glissement).

Ces résultats du tableau 2 nous ont étonnés et nous conduisent aux quatre conclusions suivantes :

  • Le risque de glissement augmente certes avec le taux de prélèvement et la durée du prélèvement.
  • Toutefois, grâce à la prime de risque et à l’effet des intérêts composés, le patrimoine final moyen augmente avec la durée du retrait. En d’autres termes, ce dernier est plus élevé que le patrimoine initial dans les neuf simulations, et ce après correction de l’inflation. (Il en va d’ailleurs de même pour le patrimoine final médian, bien que dans une mesure légèrement moindre).
  • Le risque d' »héritage non planifié » est beaucoup plus probable que le risque de faillite. Selon nos exemples de rendements et de périodes, on ne fait faillite « que » dans une fourchette de 0,04% à 17,95%. Inversement, cela signifie qu’à la fin de la phase de désépargne prévue, il reste des actifs ou le risque d' »héritage non planifié » se produit dans 82,05% à 99,96% des cas.
  • Une stratégie de prélèvement fixe est certes facile à mettre en œuvre, mais elle n’est pas adaptée dans la pratique (voir point ci-dessus).

L’outil de stratégie de prélèvement (Excel) mis gratuitement à disposition par l’Université de Mannheim, avec la simulation de portefeuille mondial décrite ci-dessus, n’existe plus sous cette forme. Vous pouvez télécharger la version actualisée en cliquant sur ce lien.

Critique de la « règle des 4 pour cent

Ces derniers temps, la « règle des 4 pour cent » est de plus en plus contestée. Ce n’est pas tant le prélèvement statique qui est critiqué (ce sur quoi nous nous concentrons), mais plutôt les « 4 pour cent » qui sont remis en question ou jugés trop optimistes.

L’étude américaine « The Safe Withdrawal Rate : Evidence from a Broad Sample of Developed Markets », publiée le 22 septembre 2022, conclut que la règle populaire des « 4 % » ne repose pas sur des données appropriées : pas de focalisation internationale (biais domestique) et une période d’observation qui n’est plus représentative de l’époque actuelle (1926 – 1991). Elle n’est donc pas assez sûre et le risque de faillite est trop élevé. Statistiquement, l’étude indique qu’un couple américain âgé de 65 ans ne peut retirer plus de 2,26% de son patrimoine initial pour que son risque de faillite ne dépasse pas 5%.

Il s’agit bien sûr d’une nouvelle déprimante, car plus le taux de retrait baisse, moins il y a d’argent disponible pour la consommation. Il faudrait donc se contenter d’un niveau de vie plus modeste, prendre sa retraite plus tard ou une combinaison des deux.

Mais nous ne partageons pas ce sentiment alarmiste. Outre les inconvénients concrets mentionnés ci-dessus, qui impliquent un taux de prélèvement de plus en plus bas, nous considérons que le concept statique sous-jacent n’est pas pertinent. Voyons donc dans le chapitre suivant quelques exemples de plans de retrait flexibles.

Avantages/inconvénients du plan de prélèvement pour la retraite anticipée Variante 2 : montants de prélèvement fixes avec risque de marché

Consommation constante
Une consommation plus élevée grâce à la prime de risque
Risque d’échelle
Un héritage non planifié

Espacement des lignes

Plan de retrait de la retraite anticipée Variante 3 : Montants de retrait flexibles avec risque de marché

Contrairement aux variantes 1 et 2, le même montant corrigé du pouvoir d’achat n’est pas prélevé chaque année. Au lieu de cela, un taux de prélèvement flexible tient compte des fluctuations du marché.

Vous redéfinissez donc votre taux de prélèvement chaque année. Ainsi, certaines années vous permettront de faire des folies financières. D’autres années vous feront perdre de l’argent.

Concrètement, cela signifie deux choses : premièrement, votre niveau de vie dépend dans une certaine mesure de l’évolution de la bourse. Deuxièmement, toutes les dépenses qui ne sont pas nécessaires (à la vie) pour vous sont de la masse de manœuvre.

Nous préférons clairement un plan de retrait flexible, car il présente pour nous le meilleur rapport avantages/inconvénients. Nous acceptons la fluctuation de la consommation, que nous considérons comme le seul inconvénient, tant qu’elle se situe dans une fourchette que nous jugeons acceptable.

Nous devons toutefois maîtriser ce risque. Il est important que le financement de vos dépenses vitales ou de vos besoins de base est assuré à tout moment . Il s’agit par exemple des postes de dépenses suivants :

  • Habiter
  • Alimentation & Ménage
  • Santé (assurance maladie)

La consommation non existentielle est toutefois à disposition ou sert de masse de manœuvre. Nous l’appelons la consommation de style de vie. Nous y incluons par exemple les postes de dépenses suivants :

  • Vacances dans des hôtels haut de gamme
  • Fréquenter régulièrement les restaurants
  • Bijoux coûteux

Après une année de « krach boursier », des vacances sur le balcon seraient donc de mise – plutôt qu’à Hawaï.

Avantages/inconvénients du plan de retrait de la retraite anticipée Variante 3 : Montants de retrait flexibles avec risque de marché

Une consommation plus élevée possible grâce à la prime de risque
Pas de faillite prématurée
Pas d’héritage non planifié : le patrimoine est entièrement consommé (garanti uniquement avec la règle des annuités sans marge de fluctuation)
Consommation fluctuante

Espacement des lignes

Comment mettre en place un plan de retrait flexible avec risque de marché ?

Nous allons maintenant examiner de plus près certains plans de retrait flexibles et leur mise en œuvre. Bien que les sous-variantes suivantes soient différentes, elles se caractérisent toutes par un montant de retrait variable.

Méthode des praticiens avec le même taux d’intérêt

Nous commençons par la variante la plus simple : au début de chaque année, vous prélevez un pourcentage fixe de votre patrimoine (résiduel) disponible. Nous nous référons à nouveau aux rendements historiques de l’étude de Mannheim ou à la simulation 9 avec une évolution défavorable des rendements.

Pour le calcul, nous avons fait les hypothèses suivantes pour les trois paramètres requis :

Patrimoine initial1 million de francs suisses
Période de prélèvement30 ans
Prélèvement p.a.5%
Inflation attendue p.a.1%
Retraite anticipée
Fig. 4 : Avec un prélèvement fixe en pourcentage, il reste toujours un actif résiduel.

Le patrimoine restant au bout de 30 ans a fait apparaître le risque d' »héritage non planifié ». Cette méthode de praticien est certes simple à mettre en œuvre, mais si le pourcentage de retrait reste le même, il n’est mathématiquement pas possible de consommer la totalité du patrimoine à la fin de la phase de retrait. Il en résulte que, globalement, le patrimoine retiré est trop faible et que, par conséquent, le niveau de vie pendant la phase de retrait est inférieur à ce qu’il aurait pu être.

C’est pourquoi nous ne pouvons pas recommander cette variante de plan de prélèvement.

Règle des annuités avec et sans plafond

Penchons-nous maintenant sur la variante originelle des plans de prélèvement flexibles. Dans la règle des annuités, on calcule à chaque période la consommation qui peut être prélevée sur le reste des actifs, compte tenu du rendement attendu, de sorte qu’à la fin de l’horizon de planification, les actifs soient épuisés. Avec cette règle, le montant et le pourcentage de retrait peuvent (fortement) varier en fonction de l’évolution de la bourse.

La règle des annuités ou le taux de prélèvement par an est basé sur la formule suivante (hors taxes et inflation) :

Retraite anticipée

E = taux de prélèvement au début de l’année selon la règle des annuités

V = actifs (résiduels) en début d’année

R = rendement attendu (soit, par exemple, 0,08 pour un rendement attendu de 8%)

T = années restantes

Exemple de calcul : pour un patrimoine initial de 750 000 CHF, une durée résiduelle de 25 ans et un rendement attendu de 8%, le taux de retrait est de 70 259 CHF. Le taux de retrait doit être recalculé chaque année.

70’259 CHF = 750’000 CHF * 1.0825 * 0.08 / (1.0825 – 1)

La dernière année de la période de planification définie, le pourcentage de prélèvement est de 100%. Ainsi, les actifs sont entièrement consommés et le risque d’héritage non planifié est éliminé.

Pour le calcul de la règle des annuités, nous avons fait les hypothèses suivantes pour les quatre paramètres requis :

Patrimoine initial1 million de francs suisses
Période de prélèvement30 ans
Rendement annuel attendu8%
Inflation attendue p.a.1%

La règle des annuités et la formule sous-jacente figurent également dans l’outil de stratégie de retrait (voir la variante « Retrait dynamique » dans le nouvel outil mis en lien et actualisé) de l’Université de Mannheim. Nous nous référons à nouveau aux rendements historiques selon la simulation 9. Rappelons qu’il s’agit d’une constellation de rendements défavorable qui nous aurait précédemment conduits à la faillite prématurément ou à la 25e année avec le plan de retrait statique.

Fig. 5 : Challenge de la règle des annuités sans bande passante à l’aide du simulateur de prélèvement de l’université de Mannheim.

Explication de la figure 5 : pour un patrimoine initial de 1 million de CHF et un taux de retrait flexible sans marge de fluctuation, y compris 1% d’inflation, la consommation varie en moyenne de 44,06%. A la fin de la période de planification définie de 30 ans, le patrimoine sera entièrement consommé. Il n’y a donc pas de risque de faillite prématurée ni de risque d' »héritage non planifié ». Nous sommes partis d’un rendement attendu de 8%.

C’est formidable que nous ayons éliminé à la fois le risque de faillite et le risque d' »héritage non planifié » avec la règle des annuités sans marge de fluctuation ! Mais il reste un problème : Les fluctuations des taux de prélèvement sont (trop) importantes, comme le montre clairement le graphique ci-dessous.

Retraite anticipée
Fig. 6 : Règle des annuités sans fourchettes : Forte variation du taux de prélèvement annuel (données brutes : Université de Mannheim).

Ainsi, dans notre exemple, le taux de prélèvement annuel oscille entre le montant généreux de 88 827 CHF et le montant modeste de 18 251 CHF.

Nous pouvons réduire ces fluctuations dues au marché en fixant un plafond . Nous choisissons donc, en plus des paramètres précédents, de plafonner le taux de prélèvement annuel à 50 000 CHF (voir figure 7).

Fig. 7 : Challenge de la règle des annuités avec plafond à l’aide du simulateur de prélèvement de l’université de Mannheim.

Explication de la figure 7 : dans le cas d’un retrait flexible des actifs avec un plafond de 50 000 CHF par an, y compris 1% d’inflation, la consommation varie en moyenne de 11,37%. Il n’y a pas de risque de faillite dans la période de planification définie de 30 ans. Cependant, le risque d’héritage non planifié a une forte probabilité de se produire. Nous avons supposé un rendement attendu de 8%.

La figure 8 montre qu’avec nos rendements de la simulation 9 et un plafond de 50 000 CHF, les fluctuations peuvent être considérablement atténuées. Néanmoins, le taux de retrait oscille encore assez fortement entre 24 695 et 50 000 CHF, soit 50%.

Dans cet exemple, nous avons entièrement consommé nos actifs à la fin de la phase de retrait de 30 ans ou le risque d’héritage non planifié ne s’est pas produit. Mais comme nous l’avons mentionné plus haut, ce risque ne peut pas être exclu avec la règle des annuités plafonnées.

Retraite anticipée
Fig. 8 : Règle des annuités avec plafond (vert) : Variations plus faibles du taux de prélèvement annuel par rapport à la règle des annuités sans limites (gris ; données brutes : Uni Mannheim).

Pour atténuer davantage les fluctuations, il faudrait fixer un seuil minimal en plus du seuil maximal. Nous estimons qu’une limite inférieure du taux de prélèvement est particulièrement utile lorsque les dépenses vitales ne peuvent pas être couvertes par les pensions publiques. Mais avec une limite inférieure supplémentaire, la règle des annuités risquerait de provoquer une faillite prématurée, ce qui serait contraire à l’objectif principal de cette règle.

Il faut donc faire preuve d’un peu de créativité , ce qui nous amène à la conclusion.

Conclusion : prendre le meilleur des deux mondes pour la préretraite

Les explications et les évaluations fournies jusqu’à présent ont surtout montré une chose : Les trois plans de prélèvement et leurs sous-variantes peuvent présenter de sérieux inconvénients. Nous résumons brièvement : Le retrait fixe sans risque de marché entraîne en moyenne un niveau de vie plus bas, le retrait fixe avec risque de marché nous expose soit à la faillite soit à un héritage imprévu et le retrait flexible avec risque de marché nous expose aux caprices de la Bourse, ce qui peut entraîner une forte fluctuation du niveau de vie.

C’est pourquoi nous souhaitons conclure en présentant une méthode pratique de marque « maison », qui relie le monde flexible au monde statique du « prélèvement », du moins ponctuellement.

Nous utilisons comme référence la règle des annuités décrite ci-dessus, sur laquelle repose la stratégie de retrait flexible.

Comme nous l’avons vu précédemment, les fluctuations du marché peuvent être problématiques pour la stratégie de retrait flexible, en fonction de l’évolution du rendement. Dans les cas extrêmes ou après de fortes pertes de cours, les taux de retrait réduits ne peuvent même plus couvrir la consommation nécessaire. Et c’est précisément là qu’il faut intervenir. Sans jeter aux orties tout le concept de la stratégie de retrait flexible, ou en prenant les deux mesures correctives suivantes, vous pouvez maîtriser les taux de retrait trop fluctuants.

Mesure 1 : Fixer un plafond pour le « meilleur scénario ».

Ce plafond intervient après de très bonnes années boursières. Le taux de retrait maximal ne doit pas être trop bas, mais il ne doit pas non plus être trop élevé. En effet, si vous le fixez trop bas, vous courez le risque de ne pas épuiser votre patrimoine (risque « d’héritage non planifié »). A l’inverse, si vous les fixez trop haut, vous ne pourrez guère atténuer les fluctuations. Dans notre simulation ci-dessus, pour un patrimoine initial de 1 million de CHF, nous avons plafonné le taux de retrait maximal à 50 000 CHF. Cette valeur est supérieure de 25% à la « règle des 4% » (50’000 CHF vs 40’000 CHF). Si nécessaire, le plafond peut être encore un peu plus généreux. On ne s’offre rien d’autre😊.

Mesure 2 : gardez une réserve de liquidités en cas d’urgence

Pour cette deuxième mesure, nous recourons à la stratégie de prélèvement fixe sans risque de marché. Concrètement, cela signifie que : Votre stratégie de retrait se compose de deux enveloppes de retrait: les ETF d’actions et les liquidités. Pour les années boursières où vous subissez des pertes, gardez sur votre compte bancaire des liquidités d’une valeur équivalente à au moins deux taux de retrait annuels. Pour un patrimoine initial de 1 million de CHF et des dépenses de consommation moyennes de 45 000 CHF, cela représenterait donc environ 90 000 CHF. Vous utilisez ce joker de trésorerie lors des premières mauvaises années boursières (par exemple en cas de pertes de cours à partir de 10% par an). Par exemple, 2022 aurait été une telle année joker, puisque l’indice MSCI World a chuté d’environ 17%.

Le moment est crucial en raison du risque d’ordre de rendement. Ainsi, par exemple, si la bourse corrige à la baisse de 10% la troisième année de retrait, vous devriez jouer ce joker immédiatement, car l’effet positif sur les taux de retrait suivants ou leurs fluctuations est le plus important au début. En revanche, si vous n’utilisez le joker que la 23e année au lieu de la 3e, l’effet d’atténuation sur les fluctuations est nettement moins important.

Tabou pour de nombreux investisseurs, mais peut-être une alternative pour les calculateurs frileux : ceux qui ne souhaitent pas stocker des liquidités non rémunérées pour les « cas d’urgence » peuvent au contraire financer leur consommation pour l’année de retrait après un plongeon boursier par un crédit lombard. Dans ce cas, les actifs investis exclusivement avec un risque de marché servent de garantie pour le prêteur. Le crédit ne serait remboursé que lorsque les cours boursiers se seraient redressés, et ce par la vente d’une partie des actifs, comme le veut le plan de retrait. Il est bien sûr important que le crédit soit financé à des taux d’intérêt aussi bas que possible. Selon notre expérience, Interactive Brokers propose des taux d’intérêt relativement intéressants pour les crédits lombards.

Remarques finales

Comme nous l’avons vu, certaines précautions sont nécessaires pour partir sereinement à la préretraite. Il est particulièrement important que vous puissiez vous appuyer sur un plan de retrait bien pensé. La flexibilité en matière de retrait d’actifs est essentielle. La règle de base est de ne pas céder ses actions après une mauvaise année boursière, ou alors de manière limitée.

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Mises à jour

2023-09-11 : Lien vers le simulateur d’économies de l’université de Mannheim remplacé par une nouvelle version.

Clause de non-responsabilité

Clause de non-responsabilité : Investir comporte des risques de perte. C’est à vous de décider si vous souhaitez ou non assumer ces risques.

Sous réserve d’erreurs : Nous avons rédigé cet article en toute bonne foi. Notre objectif est de vous fournir, en tant qu’investisseur privé, les informations les plus objectives et les plus pertinentes possibles sur le thème de la finance. Toutefois, si nous avons commis des erreurs, si des aspects importants ont été oubliés et/ou ne sont plus d’actualité, nous vous serions reconnaissants de nous en informer.

19 Kommentare

  1. Mirco Altdorf dit :

    Wie immer ein äusserst informativer Blog, danke euch.

    Kurze Frage: Sind die 2 Jahre Cash, die man mindestens auf der Seite halten sollte bei Rente, quasi der Notgroschen? Also wenn man pensioniert ist, sollte man anstatt 3-4 Monatsgehältern oder so Cash für 2 Jahre horten?

    Und wenn man ein 80/20 Portfolio hat (80% risikoreich, ETFs und 20% risikoarm, Cash), kommen die 2 Jahre Cash obendrauf?

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      Vermögensbildung bzw. entsprechende Strategien sind ja nicht exakte Wissenschaften. Letztlich hängt die Höhe des Notgroschens von deinem Risikoprofil ab. Wer Cash hortet, damit er für die darauffolgenden zwei Jahre im Notfall sämtliche laufenden Ausgaben decken kann, weist eher eine geringe Risikobereitschaft auf. So oder so, ob Cash für 4 Monate oder 2 Jahre, es ist Bestandteil des risikoarmen Anteils des Portfolios, also in deinem Beispiel wird es den 20% zugerechnet.

  2. Stefan dit :

    Kann ich mir wirklich sicher sein, dass keine Steuern auf die Kapitalgewinne erhoben werden?

    Was wenn ich für Säule 1/2: CHF 8000 pro Monat beziehe, aber aus meinem Portfolio weitere CHF 15000 pro Monat?

    Versucht die Finanzabteilung dann auf Biegen und Brechen einem ein professionelles Handeln mit ETFs vorzuwerfen?

    Wäre gut zu wissen wie sich die Schweizer Steuerbehörden verhalten, ansonsten zwingt mich die Grösse meines Pirtfolios den Lebensabend in einem anderen Land mit max. 10% Kapitalertragssteuer zu verbringen.

    Danke für eure Einschätzung.

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      Wir erachten es als sehr unwahrscheinlich, dass dich die Steuerbehörden mit deinem angedachten Entnahmeplan als gewerblichen Wertschriftenhändler einstufen würden…

      1. Stefan dit :

        Herzlichen Dank für Eure Einschätzung!

  3. André dit :

    Ich bin bald in der Entnahmephase. Bei mir im Portfolio sind Aktien-ETF und ein Teil Einzeltitel (Schweizer Dividendenperlen), die ich schon seit Jahren im Depot habe. Diese Dividenden sorgen schon mal für jährlich ca. Fr. 13’000.- Einkommen. Die Barreserve ist auch vorhanden. Meine Frage: Wenn ich dann jeweils entnehme, was verkaufe ich am besten? ETF, die sich erfolgreich entwickelt haben oder besser die anderen? Oder die Einzeltitel, die seit dem Kauf massiv an Wert zugelegt haben? Das bereitet mir noch Kopfzerbrechen.

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      In der Entnahmephase würden wir grösseren Wert auf Stabilität und Ausgewogenheit im Portfolio legen. Das heisst, wir würden uns zuerst von (schwankungsanfälligen) Einzeltiteln trennen, dann von den (oft auch volatilen) Nischen-ETFs (falls vorhanden) und erst danach von den breit diversifizierten « Brot- und Butter »-ETFs (MSCI World & Co.). Aber das ist natürlich Geschmacksache und auch keine Anlageempfehlung:-)

      1. André Bühler dit :

        Danke vielmals für den Gedankenanstoss! Und natürlich auch für den tollen und aufwändigen Artikel.

  4. Peter dit :

    Sehr guter Beitrag, seit langer Zeit bin ich auf der Suche von so etwas. Ich wollte die Excel-Tabelle von der Webseite der Uni Mannheim herunterladen, leider funktioniert der Link nicht mehr. Könnt Ihr mir sie bitte zusenden?

    Besten Dank und Grüsse,
    Peter

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      Hoi Peter
      Tatsächlich, der Link ist von der Uni Mannheim mittlerweile deaktiviert worden. Es soll jedoch hier bald Alternativen zum Download geben.
      Beste Grüsse
      SFB

    2. Schweizer Finanzblog dit :

      …jetzt ist er da! hier geht’s zum neuen Entspar-Simulator der Uni Mannheim.

  5. Ivan dit :

    Ich bin sehr begeistert wie ihr das so konzentriert aber dennoch verständlich aufbereitet habt! Einfach toll!
    Ich habe noch eine Rückfrage zur Datenbasis (Simulationstool). Einer der wichtigsten Kenngrössen, die zu erwartende Rendite lässt sich bei der Annuitätenregel nicht erfassen im 1. Reiter (Wo alle anderen Angaben erwartet werden). Im Reiter « Berechnung Annuitätenregel » gibt es ein Feld dafür, dass aber nicht zu Eingabe gekennzeichnet ist. Wenn man dort jetzt aber den Wert ändert, d.h. erhöht, sinkt der « Reale durschnittliche Konsum ». Das ergibt für mich keinen Sinn. Übersehe ich hier etwas?
    Beste Grüsse

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      Gute Frage, die wir soeben an die Uni Mannheim weitergeleitet haben. Wir melden uns, sobald wir die Antwort erfahren.
      Beste Grüsse
      SFB

    2. Schweizer Finanzblog dit :

      …also wenn man den angehenden Doktoranden der Uni Mannheim spannende Fragen, wie die deinige, stellt, dann scheinen sie regelrecht zur Höchstform aufzulaufen und antworten super schnell:-) Hier also die Antwort von Herrn Mertes (die von ihm erwähnten 15% Rendite sind nicht von uns, da hat er fürs bessere Verständnis wohl selber eine Annahme getroffen):

      « Das hängt mit den simulierten Renditen zusammen.
      Wenn Sie die Erwartete Rendite erhöhen, wird gemäß Annuitätenfaktor zu Beginn ein höherer Betrag pro Periode für den Konsum entnommen. Das macht auch erstmal Sinn, schließlich rechnet man damit, dass das verbliebene Vermögen auch stärker anwächst. Wenn nun allerdings die tatsächliche Rendite (das sind hier die simulierten Renditen) geringer ausfällt als die erwarteten 15%, reist der erhöhte Konsum ein Loch in die Planung und der zukünftige Konsum muss drastischer reduziert werden, da die zuvor erwarteten Anlageeinnahmen fehlen. Auch in den zukünftigen Perioden wird weniger Anlageeinnahmen erwirtschaftet, weil bereits so viel in den ersten Perioden entnommen wurde. Daher reduziert sich das gesamte Vermögen durch die erhöhte Erwartete Rendite.
      Im Detail hängt das vom Ablauf der Renditen ab (theoretisch kann auch der umgekehrte Effekt eintreten), da aber die simulierten Renditen in dem Tool (im Einklang mit historischen Werten) nur einen Durchschnitt von etwa 7.2% aufweisen, führt eine Annahme von 15% erwarteter Rendite regelmäßig zu dem oben genannten Effekt. »

      Alles klar?

      1. Ivan dit :

        Perfekt, Vielen Dank!

  6. Martin Zeller dit :

    Ein sehr gut aufbereiteter Beitrag. Vielen Dank.
    Aus meiner Sicht müsste auch das Alter berücksichtigt werden. Wer am Anfang der Rente steht, unternimmt viel und ist oft unterwegs, die sogenannten GoGo Years. Dann wir man ruhiger und bleibt in der Nähe , die sogenannten SlowGo Years. Ab 80=85 sind die NoGo Years dran. Über 30 Jahre braucht man mehr Geld zu Beginn und weniger am Schluss. Der lebensnahe Entnahmeplan ist also veränderlich. Am Anfang wird viel Geld benötigt, am Schluss wenig. Wie könnte der Entnahmeplan aussehen?

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      In diesem Fall könntest du dein Vermögen zu Beginn der Rente (z.B. 1 Mio. CHF) in mehrere Teilvermögen splitten. Das heisst, z.B. die ersten « teuren » 10 Jahre mit 500’000 CHF kalkulieren, die zweiten 10 Jahre noch mit 300’000 CHF und die « günstige » letzte Dekade schliesslich mit 200’000 CHF. Abgesehen davon könnte man bezüglich des Kostenverlaufs aber auch umgekehrt argumentieren:-) Nämlich so, dass es « hinten raus » immer teurer wird (Pflegekosten & Co. lassen grüssen…)

  7. Sunny dit :

    Whow, was für ein genial guter Beitrag, vielen DANK. Genau sowas hatte mir noch gefehlt. Auch Dankeschön für die Links. Habe das Excel gleich selber mal ausgetestet und da auch mit der TER gespielt. Bei 1 Mio. was ja mind. das Ziel wäre, macht das schon was aus. Der Sparkojote hatte ja vor kurzem ein Video darüber « diese Gebühren zerstören dein Depot ».
    Ich frage mich nun aber, wieso er wie ihr ja auch den VWRL (TER 0.22) und nicht den VT (TER 0.07) im Depot habt. Da gibt es ja diverse Unterschiede wie Fonddomizil, Währung, Steuererklärung, etc. Vielleicht ist das mal ein Thema für ein Blog Beitrag für euch, diese zwei Gegenüber zu stellen mit allen Vor- und Nachteilen….

    1. Schweizer Finanzblog dit :

      Merci fürs Lob, was uns natürlich sehr freut! (Umso mehr uns dieser Beitrag einiges an Hirnschmalz abverlangt hat:-) Zu deinem ETF-Vergleich: Beides sind natürlich Top-ETFs. Was u.a. für den VWRL spricht: Handelswährung CHF (Beim Kauf ist kein Währungswechsel nötig). Die TER ist zwar (auf tiefem Niveau) etwas höher, doch die für uns noch wichtigere Tracking Difference liegt bei gerade mal 0,02%. Solange es solch attraktive ETFs an der Heimbörse gibt, ziehen wir diese jeweils den US-Pendants vor.
      Beste Grüsse
      SFB

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